Les fondement de l’Intervention-Pair
Pour faciliter l’accès de chacun à l’ensemble de ses droits quelques soient ses capacités, et en pleine conformité avec la « Convention Internationale relative aux Droits des Personnes handicapées (CDPH) », les changements qu’induisent l’Intervention Pair sont construits, ajustés et évalués par les citoyens à concernés avant de devenir effectifs pour tous.
1. La participation
C'est l'objet de l'Article 29 de la CDPH qui vise notamment à « ... encourager leur (1) participation aux affaires publiques »(2), et à « la constitution d’organisations de personnes handicapées pour les représenter aux niveaux international, national, régional et local et de l’adhésion à ces organisations. »(3)
La participation est une dynamique qui prend un sens particulièrement aigu pour les personnes qui font face à des restrictions importantes de leurs capacités physiques, intellectuelles ou relationnelles. Par soucis de protection, des opportunités de participation leurs sont interdites en de nombreuses occasions, pour mieux les tenir à l’écart des dangers et des bruits du monde.
Parce qu’elles sont fragiles, leur participation présenterait trop de risques, « les autres qui ne savent pas pourraient les blesser ». Parce qu’elles sont dépendantes, leur socialisation est soumise à la médiation de tiers pas toujours disponibles et trop influencés par leurs représentations pour compenser leurs restrictions dans la neutralité nécessaire. Dans l’incessante recherche de liens sociaux, l'expression instinctive et créatrice qui conduit aux autres reste ainsi un potentiel quasi inaccessible à celles et ceux qui sont murées dans leurs corps, leur psyché ou les représentations sociales attachées à leurs conditions de vie.
(1) Aux personnes dites « handicapées » il s'entend (NDR)
(2) Article 29 b.)
(3) Article 29 b.) ii
2. La formation
La formation des acteurs de la Vie Autonome tout autant que celle des personnes en situation de handicap, des jeunes, de leurs parents, et plus largement des aidants, est un préalable que l’ARIFTS et le GFPH ont choisi de mettre en œuvre en unissant leurs compétences.
L'assistance(4) et la compensation dans le respect des droits et des choix de chacun sont deux notions qui mériteraient à elles seuls de longs travaux de recherche, et dont le premier bénéfice serait la construction d'une représentation commune conforme aux orientations des textes. Ciblées et efficaces, les formations d’Intervenants Pair impliquent l'ensemble des acteurs de l'assistance et de l'accompagnement personnel : Chefs de services, financeurs, assistants, accompagnateurs, travailleurs sociaux, formateurs, employeurs ...
(4) Assistance : Cette formulation est à comprendre comme un synonyme de « collaboration » ou « partenariat ».
La participation prend ici un sens particulier, la nécessité de penser ses modes d'action apparaît clairement et, surtout, fait sens en même temps qu’elle offre une voie royale à la multiplication des apprentissages mutuels. L'expérience des situations de grande restrictions d'autonomie et du besoin d'aides humaines pour les gestes de la vie quotidienne est particulière et particulièrement difficile à affronter, personne ne le nie, mais les savoirs et savoirs faire tirés de ces expériences restent pour l'instant hors des champs de l'action institutionnelle et ici dans l’instant personne ne s'en soucie !
Il en est de même pour les parents, démunis lorsque l’enfant paraît avec des caractéristiques inattendues, ou lorsque brutalement le handicap vient bousculer leur vie et celle de leur enfant tellement différent de ce qui est connu et attendu et chargé de capacités qui ne permettent ni d’imaginer son autonomie future ni d’apprécier ses espaces d’apprentissage.
Dans ces instants d’annonce ou de découverte mais aussi lors de tous les moments charnière de la vie de la personne représentée, partager échanger avec d’autres parents ayant eux même traversé cette épreuve est crucial, et pour l’enfant une occasion de découvrir, d’apprécier et d’estimer des possibilités d’avenir.
Les Groupes d'Entraide Mutuelle (GEM) introduits par la Loi 2005, la Pairémulation développée par le GFPH depuis 1997, la Pair-advocacy construite pas Advocacy France, la Pair-Aidance portée par la FNAPSY, le Pair-accompagnement par l'APF ... autant de pratiques plus ou moins structurées qui demandent qu'une politique cohérente puisse un jour en soutenir leur développement en cohérence avec le Droit européen et international.
Le GFPH propose que ce travail débute par la construction et l'adoption d'une définition de la Vie Autonome, définition cruellement absente de la Loi, et d'y associer des travaux universitaires, voire de les susciter, afin d'abonder un socle théorique et des fonds documentaires dédiés à la Vie Autonome et à la « capacitation ».
Ceux qui en ont l'expérience savent comment identifier leurs besoins, comment formuler une demande de soutien, comment trouver, recruter et former les intervenants de leur autonomie et comment diriger l’entreprise de leur quotidien.
Une pratique en construction
Le soutien mutuel, qu’il soit pairémulation, « Peer counseling » ou « pair advocacy », répond à un certain nombre de règles, dont l’une des plus essentielle est celle qui permet de poser les conditions de la parité entre les membres des groupes d’expression ; une règle parfois difficile à mettre en pratique en France.
Pour obtenir la parité, seules les personnes qui surmontent des restrictions de capacité sont en effet invitées à participer et, surtout, à prendre la parole. Cette règle destinée à libérer la parole de celles et de ceux qui n’ont que rarement l’occasion de s’exprimer en dehors de la présence des personnes qui les accompagnent dans le quotidien est parfois difficile à mettre en œuvre, surtout avec les personnes dites « handicapées mentales ».
Lorsque ces dernières nous rencontrent pour mener des échanges sur ces questions, certaines semblent pourtant prendre plus facilement conscience qu’elles ont des capacités et qu’elles peuvent maîtriser leur environnement mieux qu’elles ne le font. Il se passe des choses très intéressantes lorsque des personnes dites « handicapées mentales » font cette expérience d’une parité qu’elles ne connaissent pas, mais il reste très difficile de pouvoir animer ces groupes de parole en dehors du regard de la structure responsable, famille ou institution. Cela demande une solide formation de la part des Intervenants Pair et des relations de confiance avec les professionnels et les parents
C’est la raison pour laquelle les Intervenants Pair doivent rechercher l’instauration de relations basées sur la confiance en s’appuyant sur une double parité, celle qu’ils partagent avec les personnes accompagnées et celle qu’ils partagent avec les accompagnants et les employeurs.
Un outil d’éducation
Que ce soit au nom de la protection ou de la crainte, de nombreuses barrières continuent de séparer des êtres humains entre eux, et c’est pour briser ces murs et faire circuler la parole que nous formons des personnes à transmettre les moyens qu’ils ont trouvés ou construits pour vivre selon leurs choix, mais la parole est précédée d’étapes qu’il ne faut pourtant pas brûler. Celui qui doit recourir à l’intervention d’autrui pour son autonomie quotidienne a d’abord besoin de confiance en lui, et celui qui intervient a besoin de comprendre qu’il n’a pas tout le pouvoir et qu’il peut faire confiance à celle ou celui qui recours à son aide.
- Dans la formation initiale et continue des professionnels,
- Auprès des patients et des familles pour stimuler et encourager l’autonomie des personnes qui cherchent à surmonter les restrictions de capacité auxquelles elles ont à faire face.
- Comme médiateurs dans les relations entre les patients, les familles et le personnel.
Il existe plusieurs types d’actes de formation qui permettent à la fois :
- La formation des Intervenants Pair et leur qualification,
- La formation des professionnels de l’accompagnement et des personnels d’accueil.
- Formations à la vie autonome : Dispensée par des formateurs qui ont maîtrisé les solutions de leur autonomie avec une restriction de capacité, les formations pour l’autonomie personnelle permettent de développer les capacités de chacun pour une meilleure gestion des contraintes inhérentes aux situations de handicap.
L’équipe de formateur est composée de personnes ayant acquis une formation de base indispensable alliée à une expérience de la Vie Autonome avec une restriction de capacité, ainsi que de professionnels de l’accompagnement et des services à la personne.
